Destination la Guyane – Journal de bord, janvier 2023
Communauté de communes de l’Ouest Guyanais : des archives en milieu équatorial
Arrivé le 7 janvier à l’aéroport de Cayenne – Félix Eboué, j’ai découvert avec Fabrice Riva Roveda les 500 mètres linéaires d’archives papier conservés à Mana, siège de la Communauté de communes de l’Ouest Guyanais. Créée le 1er janvier 1995, c’est la première collectivité territoriale constituée dans le département, elle est l’un des acteurs du développement des huit communes amazoniennes qui la composent. Ses compétences se déploient à travers la construction de locaux pour des écoles et les logements des enseignants, l’adduction d’eau, la production électrique, la collecte des déchets notamment, dans un contexte de forte croissance démographique et d’étalement de l’habitat répertorié ou informel. Elle couvre 41 000 km² entièrement situés sur le continent sud-américain et compte 100 000 habitants.
Dat@rchiv a obtenu le marché du traitement des archives papier de la communauté de communes ainsi que de l’accompagnement de mise en conformité sur le règlement général sur la protection des données et du traitement des archives électroniques. Pour cela, Océane Mosele, déléguée à la protection des données, et Solal Pignerol, archiviste expert électronique, me rejoindront une dizaine de jours en avril, avec Fabrice Riva-Roveda dans leurs valises !
Des archives dans un climat particulier
Les archives sont conservées dans deux containers maritimes aménagés. Il y fait chaud et humide, à l’exemple du climat guyanais. Mana se trouve sur le 4e degré de latitude nord, le climat est équatorial et très humide – surtout que la saison des pluies débutait au moment de mon arrivée début janvier. Des fourmis avaient établi leur domicile à l’intérieur. Un peu d’insecticide les en a délogé : la biodiversité gagne rarement au passage de l’archiviste.
Je découvre les archives, conditionnées dans des boîtes à l’état satisfaisant eu égard aux conditions climatiques et de conservation. Les boîtes sont correctement identifiées par des étiquettes, lesquelles sont parfois effacées par la dégradation de la surface du papier.
Des archives en cours de traitement
En Guyane le métier d’archiviste se pratique avec les mêmes méthodes, règles et outils qu’ailleurs. J’ai procédé à un premier dégagement des containers où, avec les archives, se trouvaient classeurs usagés et quelques boîtes vides. Pour cela la communauté de communes a mis à ma disposition un grand bac à ordures neuf – donc propre, avec un couvercle, indispensable dans cette région où il pleut plusieurs fois par jour !
Les boîtes, récolées sur un tableur Excel, sont numérotées en une seule série continue. Ce récolement nécessite d’appréhender la toponymie et la géographie des huit communes, des écarts (parfois appelés villages, comme dans l’ouest de la métropole) et des bourgs de la communauté de communes de l’ouest guyanais.
Corrosion importante des objets métalliques, dégradation rapide des élastiques, une zoographie
Le délitement rapide du métal (trombones, charnières de boîtes…) et des élastiques produit une poussière se glissant partout. Elle se mêle à celle des nids de guêpes forestières contenant ou non l’animal. Je retrouve les insectes entrés dans les boîtes plus ou moins entiers, les ailes parsèment les fonds de boîtes. Les poissons d’argent sont courants tandis que les batraciens vivants, les œufs de lézards et les traces de termites sont plus rares. J’ai retrouvé un squelette de grenouille, parfaitement propre : elle a probablement été dévorée par un autre animal puisque sa décomposition n’a pas souillé le contenu de la boîte.
Bref, un bel exercice de zoologie pour commencer.
Suivez les aventures de Luc-André en mission à la Communauté de communes de l’Ouest Guyanais à travers son journal de bord … La suite au prochain épisode !
Toutes les photographies ont été réalisées par Luc-André Biarnais, août 2023.