Destination la Guyane – Journal de bord, mars 2023
Archives
Quels sont les sujets traités dans les archives de la communauté de communes de l’Ouest Guyanais ? Comme pour toutes les communautés de communes de France, les marchés de voiries, le développement économique, celui du tourisme font l’essentiel des documents. Évidemment, sur les bords du Maroni je trouve des sujets spécifiques. Par exemple, les populations amérindiennes et bushinengés sont représentées, en plus des élus, par un grand conseil coutumier (articles L 7124-11 à L 7124-23 du Code général des collectivités territoriales). Cela a pour conséquences que les répertoires de la Communauté de communes conservent la liste des chefs coutumiers.
Le récolement permet de découvrir, comme partout, des stocks d’ouvrages entreposés et de vieux combinés téléphoniques. De même, j’ai trouvé des CD, cassettes vidéo et disquettes informatiques. Tout cela, grâce au service environnement de la CCOG, a été déposé à la décharge le 24 mars.
Les boîtes posées sur les travées les plus proches des portes sont en moins bon état. Elles sont celles qui sont les plus soumises aux intempéries lors de l’ouverture des containers. Douze boîtes (soit 1,5 ml) sur 26 se trouvant sur cette dernière travée sont touchées visiblement par l’humidité et les moisissures jusqu’à rendre des documents inexploitables. En conséquence, j’ai laissé un espace vide sur chaque tablette de cette dernière travée lorsque j’ai placé les boîtes récolées.
Le 1er mars Georges Rech, directeur des Archives territoriales de Guyane, ainsi que Rémy Peru-Dumesnil, son adjoint, et Jean-Pierre Bacot, chargé de la conservation préventive, sont venus constater l’avancée du travail. Pour identifier les boîtes de conservation, les Archives territoriales emploient des feutres gouache blanc : les étiquettes utilisées en d’autres territoires se décollent.
L’éradication des produits plastiques (pochettes, couvertures de dossier…) et en métal (agrafes, trombones, fermoirs…) serait un geste pour la planète et la conservation des documents y gagnerait grandement. Ici, plus qu’en zone tempérée, les moisissures se développent dans les milieux étanches !
Mes rencontres zoologiques se poursuivent. La liste qui suit n’est pas exhaustive mais en montre la diversité :
– coquilles d’œufs le 27 février, cafard le 7 mars. Il se nourrissait probablement d’excrément de rongeurs, ceux-ci ayant attaqué les marges des documents
– petit lézard le 10 mars. Il a invoqué le droit à l’image et le règlement général sur la protection des données lorsque j’ai voulu le photographier
– poissons d’argent vivants les 15 et 16 mars.
Activités au sein de la CCOG
Le 8 mars, dans le contexte de la journée internationale des droits de la femme, une matinée du personnel était organisée dans les locaux municipaux de l’ancien camp de la Transportation à Saint-Laurent du Maroni. Elle avait pour sujet « cyberharcèlement et inclusion numérique ». Une gendarme, une avocate, une juriste de l’association guyanaise de l’aide aux victimes, des présentations préparées par des agents de la CCOG ont permis d’ouvrir un débat. Aurore Francius-Smith, directrice du CNFPT-Guyane nous a fait part de son expérience en ressources humaines et de sa perception de l’évolution de ces questions. Pour l’archiviste chez Datarchiv, cette journée rejoint le travail mené dans le cadre de la responsabilité sociale de l’entreprise et sur le bien-être au travail.
Le soleil a rendez-vous avec la pluie
Les précipitations à la fin de la saison des pluies au mois de février ont inondé la route départementale n° 9 reliant Mana à Saint-Laurent du Maroni. Mana est une commune côtière et le niveau des criques (cours d’eau) et canaux dépend des marées. La circulation des voitures les plus basses et des deux-roues a été impossible quelques jours. Le soleil est plus présent durant la plus grande partie de mars et les températures maximum plus élevées : en févier : 29° c, 31° le mois suivant.
Lectures
Pour mieux découvrir le quotidien des Guyanais, en plus des visites j’ai emprunté quelques livres : il y a des bibliothèques municipales à Saint-Laurent-du-Maroni et à Mana. Parmi les ouvrages, il y a bien sûr l’ouvrage d’Albert Londres Au Bagne publié en reportage dans Le Petit Parisien du 8 août au 7 septembre 1923. Il est accessible par le biais de Gallica. La maison Albin Michel, la même année, il y un siècle juste, le diffuse sous la forme d’un livre, réédité de multiples fois jusqu’à aujourd’hui dans des versions parfois expurgées d’expressions inconvenantes. Aujourd’hui, il est disponible chez Arléa (Paris, 2021, 216 pages). Il y a dans la lecture d’un ouvrage qui décrit des lieux où je vis au quotidien une intense émotion.
Le Paris littéraire avait déjà eu vent de la Guyane sous un autre aspect : en 1921, René Maran, écrivain guyanais né en Martinique en 1887 avait obtenu le prix Goncourt pour Batouala, un roman dénonçant les méfaits de la colonisation en Afrique centrale.
La bibliographie scientifique sur le bagne n’est pas très importante mais est continue. Parmi elle, se trouve le livre de Michel Pierre, le temps des bagnes, 1748-1953, Paris : Tallandier, 2017, 526 p. Le site https://criminocorpus.org/fr/ donne également des éclairages sur la question.
Toutes les photographies sont de Luc-André Biarnais, mars 2023.